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L’Université du Vivant en Prospective

(juin 2014)

Depuis bientôt un an PEUV est devenue Université du vivant ; une appellation qui suscite parfois des débats lorsque les idées que l’on peut se faire d’une « université » se rencontrent.

Universel peut être entendu au sens le plus large et donner le vertige devant l’ampleur de la tâche si l’on s’attèle au vivant ! Université peut aussi suggérer une approche académique, et alors d’où tirer sa légitimité ?

Bon, mais passées les quelques aspérités d’évocation et de langage qui renvoient à du connu, du déjà en place ou du déjà vu, université veut aussi dire accueil de tous les savoirs, les officiels et les autres, les anciens et les nouveaux, ceux pour qui des ponts d’or existent et ceux qui se frayent des chemins discrets, les traditionnels, les académiques, les hors pistes, les savants, les populaires, ceux des experts ceux des « imperts », les polis et les impertinents…

Faire une place aux savoirs qui sont en marge, mais sont primordiaux, ouvrir les horizons, oser formuler des hypothèses, rendre compte d’expériences qui interrogent les changements de paradigmes scientifiques… Fort heureusement l’ambition de l’UV n’est pas d’être exhaustive ou encyclopédique, mais plutôt d’être réceptive pour un enrichissement au jour le jour, au fil des rencontres, des propositions, des questionnements, des initiatives de recherche, d’expériences, d’hypothèses…

Et plutôt que d’accumuler des connaissances expertes, l’ « universel » de l’université du vivant se trouve dans le processus social qui met en recherche, qui ouvre à la prospective, au sens de Gaston Berger : « une disponibilité totale pour appréhender quelque chose qu’on ne peut pas prévoir ». Préparer la connaissance qui compagnonne avec le vivant plus que celle qui le dissèque (une grenouille disséquée ne vit plus !) ; et ainsi « entendre » le vivant de façon ouverte, candide sans doute, être en intelligence concertée avec lui, pour développer le savoir du moment qui guidera l’acte juste en toute responsabilité.

Concrètement, l’Université du Vivant propose des séminaires de rencontres au cours desquels les points de vue différents se retrouvent pour élaborer du nouveau, qui n’est ni une moyenne atone, ni une domination des uns sur les autres, mais plutôt une compréhension profonde partagée. La relation homme /plante a initié ce travail, qui s’est poursuivi et décliné sur les divers sujets du projet transversal en 2011 -2012. Y ont participé de nombreuses personnes contributrices, et les échanges ont donné lieu à un film DVD et des fascicules dans la collection Emergence, qui s’agrandit tous les ans.

En 2013 -14, d’autres sujets aujourd’hui sont saisis, certains sous forme de groupes de travail, souvent dans la continuité des séminaires ; plus confidentiels sans toutefois être fermés, ils ont des objectifs de recherche, fondamentale, ou appliquées en divers domaines (actuellement : perception des plantes, relation Homme /animal, pédagogie du vivant, gouvernance) : participatifs par essence, ils sont complètement dans une dynamique prospective, et s’ils sont délibérément ancrés dans une recherche de fond, ils ont chaque fois l’objectif de s’ « incarner » très concrètement, de se montrer « efficients ».

Enfin, un projet qui impliquera davantage de monde en quête de sens sur le vivant verra le jour en 2015 sous forme d’un forum participatif, ouvert à tous. (vous pouvez réserver la date : 25-26-27 septembre 2015 !) L’université du vivant est bien atypique dans le paysage actuel des préoccupations de chacun, car à une période qui semble s’accélérer pour tous devant les « urgences », rendant le temps disponible si précieux, elle demande pour se réaliser la participation posée, réelle, plurielle, de gens qui exercent leur liberté d’esprit, de personnes qui s’impliquent individuellement, qui sont volontaires, et finalement trouvent la disponibilité pour se mettre en … prospective.

Pierre Dagallier